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pas, souvent, dans la mêlée, ta face de douleur et de misère… Aujourd’hui, elle apparaît mieux, sur la face lointaine de l’autre… Les cris du pauvre damné font mieux entendre les tiens… De tous côtés, on dénonce les abus de pouvoir, les injustices, les férocités, les crimes, dont tu es, sans cesse, la victime… Et, en quelques mois, voici, arrachés au poteau des conseils de guerre, quatre de tes frères, qui eussent subi l’infâme supplice… C’est au martyre de Dreyfus qu’ils doivent de vivre encore !… Tout cela n’est pas beaucoup, soit !… Il ne tient qu’à ton courage, à ta ténacité, à ton intelligence d’avoir davantage !… Ne passe plus ton chemin,