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En ce qui me concerne, je vous ai fait des aveux complets, et néanmoins restrictifs ; en ce qui concerne mes amis et moi, c’est une autre histoire.

Nous n’avons pas à vous le cacher plus longtemps. Si nous sommes lâches individuellement, nous le sommes bien davantage, collectivement. Chaque fois que nous avons tenu une réunion publique — et Lebrun-Renault qui sait tout, sait si nous en avons tenu quelques-unes ! — nous avons été sans cesse battus, culbutés, rossés, et finalement mis en déroute ; tellement qu’il est incompréhensible que nous puissions être encore vivants. C’est là une obstination vraiment criminelle, dont vous nous annoncez charitablement