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dillot viendrait m’annoncer que son père, sa mère, sa femme, ses enfants, sont morts empoisonnés par des champignons… eh bien ! il n’y a pas, je me tordrais… C’est triste… mais je me tordrais !… Voilà le talent !… (Le rire de M. Sarcey gagne M. Brisson, M. Pessard, M. Gandillot lui-même. Rire général durant quelques minutes).

M. Brisson (s’interrompant, soudain, de rire.)

Et le feuilleton, mon cher beau-père ?…

M. Sarcey (subitement sérieux)

Quel feuilleton ?

M. Brisson

Mais votre feuilleton !… y a-t-il donc d’autres feuilletons ?

M. Sarcey

Oh ! sacristi !…

M. Brisson

Vous allez encore être obligé de vous presser, et de dire un tas de bêtises, comme la dernière fois.

M. Sarcey (regardant l’encrier, le porte-plume, le papier blanc)

Du diable, par exemple, si je me souviens de quelque chose… Ma foi ! je vais encore y aller de mes douze colonnes sur Gandillot !…

M. Brisson

Mais vous avez l’Intruse, cette semaine.

M. Sarcey

L’Intruse ? qu’est-ce que c’est que ça ?… Ça n’est pas de Gandillot.