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M. Hector Pessard

Mais vous savez bien que je ne comprends rien aux pièces que je vois…, vous savez bien que je ne comprends quelque chose qu’aux pièces que je n’ai ni vues, ni entendues…, qu’aux pièces dont j’ignore le titre, l’idée, le dialogue… On ne saura jamais tout ce que j’aurais pu dire, si je n’étais jamais allé au théâtre… Mais lui !… qu’est-ce qu’il va pouvoir écrire sur l’Intruse ?… Il ne l’a vue, il ne l’a entendue qu’une fois… Il aurait dû y retourner.

M. Brisson

Mais, on ne l’a jouée qu’une fois !

M. Hector Pessard

Ce n’est pas une raison… Il aurait dû y retourner… Il ne pourra rien en dire.

M. Brisson (amer)

Il me semble que, vous, non plus, vous n’en avez rien dit.

M. Hector Pessard

Moi, je l’ai vue !… Je ne puis plus en parler… C’est une question de probité littéraire, une question de conscience de critique !… Je ne puis plus en parler… (M. Sarcey se remue un peu ; le fauteuil craque). Hein !… Quoi !… Avez-vous entendu ?… Qu’est-ce qu’il y a ?

M. Gandillot

C’est le maître qui se réveille…

M. Brisson

Eh bien, ça n’est pas trop tôt… Il commençait vraiment à m’inquiéter pour son feuilleton… Je ne peux pas plus concevoir un dimanche, sans feuilleton de Sarcey, que je ne conçois un aveugle sans clarinette !… Hum ! Hum !