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« L’INTRUSE » À NANTERRE


(Le salon d’une petite villa des environs de Paris. Près d’une table où sont disposés un encrier, un porte-plume, du papier blanc, M. Francisque Sarcey, sommeille. Autour de la table se tiennent silencieux, M. Gandillot, M. Hector Pessard, M. Brisson. Sur la cheminée le buste lauré de M. Scribe. Une lampe éclaire faiblement la scène.)


M. Brisson (très bas)

Comme il dort longtemps, ce soir !

M. Hector Pessard

Oui, je trouve qu’il dort longtemps, ce soir.

M. Brisson

Il n’aura pas le temps d’écrire son feuilleton… Et que va-t-il arriver s’il n’écrit pas son feuilleton ! (Il se dirige, sur la pointe des pieds, vers la fenêtre). Il me semble que le ciel est effrayant, ce soir : il me semble que j’entends, dans les feuilles, des bruits singuliers, ce soir… (Il revient et s’arrête devant le buste de Scribe). Et le buste de M. Scribe est étrange, aussi, ce soir…

M. Hector Pessard

Ne trouvez-vous pas qu’il baisse ?

M. Brisson

Qu’est-ce que vous dites ?… De qui parlez-vous ?…