Page:Mirages-Renée de Brimont-1919.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SOIR PRÈS DU FEU

Intimes, sournoises, coites, feutrées,
à travers la vitre sont entrées
une à une, les ombres du soir.
Elles ont tramé comme des plis de doute
sur les eaux vives du miroir,
et j’ai vu peu à peu dissoutes
les choses dans l’incertitude…
Et je suis demeurée avec ma solitude.

Heure trouble ! — Je ris à la lampe, rose lune
qui veille, douce, auprès de l’âtre agonisant,
alors que mes songes, chemin faisant
s’égarent, s’attardent, s’apaisent
aux légendes muettes racontées par la braise.
Ah ! Soirs d’enfance évoqués peu à peu
dans ce miracle intime des cendres et du feu,
de la bûche crissante et rongée !

Voici : le palais brûlant de la Fée
s’érige… Mille nains rouges, dansants et fous,
s’acharnent à sa toiture de nuages…
mais la forêt où chemine le page