Page:Mirages-Renée de Brimont-1919.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.


qui glisse, légère, avec des pieds habiles ;
je dirai le vol des papillons poudreux,
l’ombre qui s’étend le long des chemins creux,
le visage blanc des midis qui rutilent.

Flûte, je dirai la trirème d’argent
de la lune aux bords des infinis, nageant
vers quelque archipel de planètes nocturnes ;
la cigale ardente, ô flûte, et les pipeaux
fraternellement accordés des crapauds,
et l’épi sculpté des vasques taciturnes.

Flûte, je dirai la luciole aux yeux
clandestinement allumés par les dieux
pour être une lampe en des mains de vestale ;
la muse qu’éveille un écho du passé,
son rire dansant et son pas nuancé,
ses talons étroits revêtus de sandales ;

et puis je dirai pour les belles-de-nuit
mes pâles désirs, mon nostalgique ennui,
et tout ce qu’apporte une peine irréelle ;
je dirai mes pleurs, mon trouble et mon tourment
dans l’âme du soir, douce mortellement…
Flûte, âme docile, âme sonore et grêle !