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LA COURSE D’ATALANTE

Que maudits soient vos pieds aux sandales rapides,
Atalante !… Souples et minces, purs et blancs,
sans retour entraînés par de nouveaux élans,
ils vont, ils vont, suivant le destin qui les guide…

Ils vont, et vous serrez plus fort vos poings nerveux.
Ô coudes rapprochés du buste qui se cambre,
seins lisses — boucliers qu’un joyau serti d’ambre
rend féminins — jeu souple et mol de vos cheveux !

Ils vont… Le souffle est court sur vos lèvres ouvertes,
une ardente moiteur fait luire votre peau…
Ils vont, ils vont… Ces champs où paissent des troupeaux
n’inclinent qu’à demi sous eux des toisons vertes ;

ils vont… Le cercle d’or qui brille à votre col
semble quelque rayon d’une lune en faucille,
et les anneaux passés autour de vos chevilles
tintent leur bruit d’argent quand vous frappez le sol ;

ils vont — ô pieds étroits ! — ils vont le long des sources
murmurantes pour eux de désirs imprécis,
mais l’inquiète ardeur qui fait votre souci
jamais n’aura laissé nul répit à leur course.