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SAGESSE

Au seuil des continents où la lumière nue,
avec des pieds brûlants chaussés de mules d’or
va, sur les toits unis danser, danser encor,
Sagesse, je vous ai sentie et reconnue !

Le long des longs chemins bordés de cactus bleus
vous cherchez la demeure où glissent des babouches,
où, parmi les divans et les hauts chasse-mouches
sommeille le harem en ses rêves moëlleux :

un peu d’ambre grésille ici — docte pincée ;
par la moucharabieh s’irise un peu de jour ;
l’écho s’est affaibli des vasques de la cour
où le jet d’eau retombe en musiques brisées…

Vous ne connaissez point l’espace ni le temps,
vous choisissez la paix au mystère mêlée,
vous êtes sororale à la femme voilée
comme au charme secret de l’ombre qui s’étend ;

votre désir muet s’incline vers les choses,
et vous nous racontez d’étranges paradis ;
les rosiers que vantait naguère Saadi
ne cesseront jamais de vous fleurir de roses…