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DIALOGUE SUR L’EAU

Cette sérénité mauve et calme du soir !
Et vois : de chimère en chimère,
sur ce fluide et merveilleux miroir,
de reflet en reflet nous glissons, éphémères…
nous glissons — et n’est-ce point assez ?
Nous glissons, et les hauts peupliers balancés,
balancés vainement par les brises moroses,
dans l’ensommeillement des choses,
dans la sérénité mauve et calme du soir,
au bord de ce fluide et merveilleux miroir
frissonnent ainsi que des femmes…

— Oui, j’entends la cadence des rames ;
j’entends, j’entends bruire en vain les peupliers
par les brises tièdes pliés ;
je vois, sur l’onde merveilleuse et sage
et dont s’éclairent un peu nos visages,
le visage fragile, inquiet et dansant,
le clair visage des étoiles
dans un filet ombreux de roseaux bruissants !

— Chère, je voudrais à travers brume et voiles
cueillir pour toi, sur l’eau, parmi ces mille étoiles,