« c’est l’odorant verger qu’un essaim blond torture,
« c’est le trésor croulant des moissons fortunées,
« c’est le bleu crépuscule errant, c’est la ceinture
« qu’enroulent les saisons aux dansantes années…
« Crains la Vie : elle est femme avec les toisons rousses
« pleines d’acres parfums sur ses reins épandues ;
« ah ! ne respire pas ses forêts et ses mousses,
« n’écoute pas ses chants qui vont tenter les nues ;
« garde, garde tes pieds du repli de ses ondes,
« crains de mêler au sien les grappes de ton rire,
« et crains de t’abreuver à ses vasques profondes
« ou de trop partager son magique délire…
« Crains l’Amour ! Crains l’Amour souple comme un esclave
« mais plus que d’autres dieux trompeur et despotique ;
« sa lèvre est sinueuse et sa parole grave,
« dans ses doigts, mollement, vibre la lyre antique ;
« et du désert, voici des souffles chauds qui rampent
« parmi les voluptés flottantes de ses voiles ;
« des pampres et des fleurs émerveillent ses tempes,
« dans ses yeux infinis s’allument des étoiles…