Page:Mirages-Renée de Brimont-1919.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont la houle caresse les parois étroites ;
des désirs en vous soudain glisseront,
pareils aux reptiles qu’un charmeur déploie ;

vous gaspillerez de vos deux mains prodigues
les fleurs d’avril et les moissons d’automne…
Dormez… Rêvez, petit enfant !
Vous connaîtrez l’effort et puis la fatigue,
et que la gloire saoule aux mille tuniques
a mille charmes décevants.

Et les heures d’hiver, les longues heures givrées
vous diront à l’oreille la mélancolie
cachée derrière le décor.
Sous ses vains masques, l’âme vous sera livrée…
Dormez sans crainte, dormez ! — Alors
votre âme chantera comme un violon triste !

Las pèlerin de l’incertitude
dont les pieds saignent dans la poussière
vous tomberez près d’un seuil inconnu,
et la dernière amante avec sa berceuse funèbre,
petit enfant dormant et nu,
la Mort vous conduira jusqu’aux rives de ténèbres…