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OMBRES

Fantômes dansants, fols et fluides corps
devinés à peine,
vous qui me parlez avec la voix des morts,
cette voix lointaine…
lorsque vient la nuit, la donneuse de paix
et de solitude,
vous m’apparaissez — et je vous reconnais
avec certitude.
Je vous vois surgir comme à pas de velours
de l’alcôve sombre,
ou d’un vol furtif chassant un rêve lourd,
ô légères ombres !
Vous touchez mon front, mes cheveux dévoilés,
mes paupières closes,
et je vous écoute, et vous me rappelez
de très vieilles choses ;
car c’est du passé, des souvenirs secrets,
des lèvres fanées,
c’est de mes loisirs et c’est de mes regrets
que vous êtes nées.
C’est ainsi qu’en vous mes meilleures amours
ont jeté l’amarre ;