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STANCES À L’AUTOMNE

Je vous pressens parfois, Automne ! Votre robe
sera fripée ainsi qu’un feuillage mouvant,
et vos pieds seront froids, car la brume et le vent
auront accompagné vos musiques d’Octobre ;

et le jour n’aura plus de gloires, mais des voiles
étroitement serrés à vos bras languissants…
Pâle Automne ma sœur, la langueur vous pressent
de mon âme, avec de grands lys dans vos mains pâles.

Ah ! ces fleurs dans vos mains, ces fleurs déjà flétries
par le sourire ultime et brûlant des étés !
Mais votre font qui ploie aura d’autres beautés,
votre voix connaîtra les notes féminines ;

vous me direz les noms des choses éphémères
qu’assemblera le soir en un suprême accord,
et ce désir étrange et profond de la mort,
et ce charme qui rôde au seuil des nuits désertes ;

vous me direz des mots sages d’une voix basse,
vos gestes déliés seront harmonieux…
Une autre volupté persiste en ces adieux
que vous faites aux jeux d’Amour, Automne chaste !