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L’AKROPODIE

aux femmes ? Le péché originel les entache tout comme les hommes ; on devrait même en bonne justice leur couper plus qu’à ceux-ci, car, sans la curiosité d’Ève, Adam n’aurait pas péché.

Les pères Conning et Coutu ont soutenu, d’après M. Huet, qu’il n’était rien moins qu’évident que l’on ne circoncît pas les femmes. En effet, Huet, sur Origène, dit positivement qu’on circoncit presque toutes les Égyptiennes[1] : on leur coupait une partie du clitoris qui nuirait à l’approche du mâle ; d’autres subissent la même opération par principes de religion, pour réprimer les effets de la luxure, parce que les chatouillements et l’irritation sont moins à craindre quand le clitoris est moins proéminent.

Paul Jove et Munster assurent que la circoncision est en usage, pour les femmes, chez les Abyssins. C’est même dans ce pays et pour ce sexe une marque de noblesse ; aussi ne la donne-t-on qu’à celles qui prétendent descendre de Nicaulis, reine de Saba. La question de la circoncision des femmes est donc très-indécise, et les érudits peuvent encore s’exercer.

Une opération très-embarrassante devait être quand il fallait couper là où il ne restait rien à retrancher. Par exemple, comment opérait-on sur les peuples qui, circoncis par propreté ou par nécessité, se faisaient Juifs, de sorte qu’il fallait les circoncire encore une fois pour l’alliance ? Il paraît qu’alors on se contentait de tirer de la verge quelques gouttes de sang à l’endroit où le prépuce avait été découpé, et ce sang s’appelait le sang de l’alliance ; mais il fallait trois témoins pour

  1. « Circumcisio feminarum fit resectione τἢς νυμφἣς (imo cleitoridis), quæ pars in Australium mulieribus ita excrescit ut ferro sit coercenda. »