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L’ANANDRYNE

honorables, crédit immense, pouvoir sans bornes. Mais combien tout cela eût été payé cher par la privation absolue de ce bonheur auquel la nature appelle tous les êtres, et les supplices affreux qui attendaient les Vestales, si elles succombaient à sa voix ! Jeunes et capables de toute la vivacité des passions, comment y seraient-elles échappées sans les ressources de Sapho, tandis qu’on leur laissait la liberté la plus dangereuse, et que leur culte même les appelait à des idées si voluptueuses ? car on sait que les Vestales sacrifiaient au dieu Fascinus, représenté sous la forme du Phallum égyptien. Il y avait des cérémonies singulières observées dans ces sacrifices ; elles attachaient cette image du membre viril aux chars des triomphateurs ; ainsi le feu sacré qu’elles entretenaient était censé se propager dans tout l’empire par les voies véritablement vivifiantes ; mais qu’un tel objet de contemplation était peu nécessaire à exposer à la vue de jeunes filles vouées à la virginité !

On voit que les tribades anciennes avaient d’illustres modèles. L’abbé Barthélemi, dans ses Antiquités palmyréniennes, cite les habits qu’elles affectaient en public : c’étaient, selon lui[1], l’énomide et la callyptze. L’énomide serrait étroitement le corps et laissait les épaules découvertes. Quant à la callyptze, on ne la connaît que par son nom, comme la crocote, la lobe turentine, l’anobolé, l’encyclion, la cécriphale et les tuniques teintes en couleurs ondoyantes, qui désignaient assez bien cette ardeur des tribades qui appètent sans cesse, comme les flots se succèdent sans jamais se tarir,

  1. Je ne doute pas que quelque érudit ne me fasse ici plus d’une difficulté… Mais on n’aurait jamais fini s’il fallait répondre à tout.