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LE THALABA

léger prurit sur le bout des tétons ; bientôt elle aperçoit que l’œil devient humide ; elle sent que l’érection est partout établie ; alors elle porte légèrement le pouce sur l’extrémité du gland, qu’elle trouve baigné de la liqueur lymphatique ; de cette extrémité, le pouce descend doucement sur la racine, revient, redescend, fait le tour de la couronne ; elle suspend ensuite, si elle s’aperçoit que les sensations augmentent avec trop de rapidité ; elle n’emploie alors que des titillations générales ; et ce n’est qu’après les attouchements simultanés et immédiats de la main, puis des deux, et les approches de tout son corps, que l’érection devenant trop violente, elle juge l’instant dans lequel il faut laisser agir la nature ou l’aider, ou la provoquer pour arriver au but ; parce que le spasme qui s’établit dans l’homme devient si vif et l’appétit sensitif si violent, qu’il tomberait en syncope si l’on n’y mettait fin.

Mais pour atteindre à ce genre de perfection, à ce ton de jouissance, il faut que cette fille s’oublie pour étudier, suivre et saisir toutes les nuances de volupté que l’âme du Thalaba parcourt, pour user des raffinements successifs qu’exigent ces accroissements de jouissances qu’elle a fait naître. On ne parvient ordinairement à quelque degré de perfection dans cet art que par un tact fin, par un toucher précis, qui dans ces occasions sont les seuls et véritables juges… Mais qui le sera du résultat de cette œuvre de volupté ? Sera-ce partial, le licencieux Martial ? Je l’entends s’écrier :

Ipsam crede tibi naturam dicere rerum ;
Istud quod digitis, Pontice, perdis, homo est[1].

La nature elle-même et t’arrête et te crie :
Ce que répand ta main eût mérité la vie.

  1. Épig. 42, liv IX.