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LA TROPOÏDE

l’emploi, dit saint Augustin, était d’ouvrir à l’homme le sentier de la volupté. Heureusement cette fonction était donnée à une divinité femelle ; car, comme le remarque très-judicieusement l’évêque d’Hippone, le mari n’aurait pas souffert volontiers qu’un dieu lui rendît ce service, et qu’il lui donnât du secours dans un endroit où trop souvent il n’en a pas besoin.

Encore une fois, nos coutumes sont-elles moins décentes que celles-là ? Et pourquoi exagérer nos torts et nos faiblesses ! Pourquoi porter la terreur dans l’âme des jeunes filles, et la méfiance dans celle des maris ! Ne vaut-il pas mieux tout adoucir, tout concilier ? Ces bons casuistes sont plus accommodants que cela ! Lisez, entre tant d’autres, le jésuite Filliutius, qui a discuté avec une extrême sagacité jusqu’à quel degré peuvent se porter les attouchements voluptueux, sans devenir criminels. Il décide, par exemple, qu’un mari a beaucoup moins à se plaindre lorsque sa femme s’abandonne à un étranger d’une manière contraire à la nature, que quand elle commet simplement avec lui un adultère, et fait le péché comme Dieu le commande : « Parce que, dit Filliutius, de la première façon on ne touche pas au vase légitime sur lequel seul l’époux a des droits exclusifs… » Oh ! qu’un esprit de paix est un précieux don du ciel !