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LA TROPOÏDE

trémité de l’oreille droite d’Aaron et sur ses pouces droits. Si l’on voyait aujourd’hui le cardinal de Rohan consacrer dans la chapelle l’évêque de Senlis, et lui porter avec le doigt du sang tout chaud sur le bout de l’oreille[1], on ne pourrait guères s’empêcher de se rappeler la gravure de l’abbé Dubois sous la Régence : on le voyait à genoux aux pieds d’une fille qui prenait de ce sale écoulement qui afflige les femmes tous les mois, pour lui en rougir la calotte et le faire cardinal.

Tout le chapitre XV du Lévitique ne roule que sur la gonorrhée, à laquelle les Hébreux étaient fort sujets. La gonorrhée et la lèpre n’étaient pas leurs moins désagréables impuretés, et ils en avaient assez de réelles, sans en créer tant d’imaginaires. Par exemple, une femme était plus impure pour avoir mis au monde une fille plutôt qu’un garçon[2]. Voilà une singularité aussi peu raisonnable que bizarre.

Les Hébreux forniquaient avec les démons sous la forme des chèvres[3] ; ces démons mal appris usaient là d’une vilaine métamorphose.

Un fils couchait avec sa mère, et prêtait main-forte à son père[4]. Nous ne portons pas encore à ce degré l’amour filial. Un frère voyait sans scrupule sa sœur dans la plus grande intimité[5].

Un grand-père habitait avec sa petite-fille[6] ; ce qui n’était pas très-anacréontique.

  1. Lév., chap. VIII, v. 24.
  2. Ibid., chap. XII, v. 5.
  3. Ibid., chap. XVII, v. 7.
  4. Ibid., chap. XVIII, v. 7.
  5. Ibid., v.9.
  6. Ibid, chap. XVIII, 10.