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EROTIKA BIBLION

bien toujours si menacé, que toute guerre, toute opération entreprise pour la soutenir, pour étendre ou défendre la gloire nationale, ne trouvera que peu de contradicteurs. Le peuple sera fier, généreux, opiniâtre ; et la débauche et le luxe le plus effréné n’énerveront pas l’esprit public.

Dans une monarchie très-absolue, qui serait le plus sévère, le plus complet des despotismes, si le beau sexe n’y donnait pas le ton, la galanterie, le goût de tous les plaisirs, de toutes les frivolités, est tout naturellement et sans danger le caractère national ; et les déclamations vagues sur ces imperfections morales sont vides de sens.

Ceci posé, examinons rapidement si nos mœurs, et quelques-uns de nos usages, comparés avec ceux de plusieurs grands peuples, doivent paraître si détestables[1].

On voit au premier coup d’œil, dans le Lévitique, à quel degré le peuple juif était corrompu. On sait que ce mot Lévitique vient de Lévi, qui était le nom de la tribu séparée des autres, comme étant spécialement consacrée au culte ; d’où sont venus les lévites ou prêtres, et l’habillement d’aujourd’hui qui porte ce nom, sans être un monument bien authentique de notre piété. Moïse traite dans ce livre des consécrations, des sacrifices, de l’impureté du peuple, du culte, des vœux, etc.

Je ferai observer en passant que la forme de consécration chez les Hébreux était singulière. Moïse fit son frère Aaron grand-prêtre. Pour cet effet, il égorgea un bélier, trempa son doigt dans le sang, en mit sur l’ex-

  1. On verra ci-après, dans la Linguanmanie, des choses plus frappantes encore que les mœurs du peuple de Pieu, que nous allons exposer.