Page:Mirabeau l'aîné - Erotika Biblion, 1867.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
EROTIKA BIBLION

menclatures, et Wolf a donné un Catalogué des Femmes célèbres à la suite des Fragments des illustres Grecques qui ont écrit en prose[1]. Les Juifs, les Grecs, les Romains, tous les peuples de l’Europe moderne ont eu des femmes savantes.

Il est donc étonnant que divers préjugés contre la perfectibilité des femmes se soient établis sur le prétendu rapport de l’excellence de l’homme sur la femme. Plus on approfondit ce fait si singulier (car il l’est infiniment que l’objet de l’adoration des hommes soit partout leur esclave), plus on remarque qu’il est principalement fondé sur le droit du plus fort, l’influence des systèmes politiques, et surtout celle des religions ; car le christianisme est la seule qui conserve à la femme, d’une manière nette et précise, tous les droits de l’égalité.

Je n’ai nulle envie de recommencer les discussions que Pozzo a peu galamment appelées paradoxes, dans son ouvrage intitulé : La femme meilleure que l’homme. Mais il est si naturel, quand on considère le prix de ce don du ciel qu’on appelle la beauté, de se pénétrer de cette vive et touchante image, qu’on en devient bientôt enthousiaste ; et lorsqu’on lit ensuite les livres saints, on n’est plus étonné que la femme soit le complément des œuvres de Dieu ; qu’il ne l’ait produite qu’après tout ce qui existe, comme s’il avait voulu annoncer qu’il allait clore son ouvrage sublime par le chef-d’œuvre de la création. C’est dans ce point de vue, plus religieux que philosophique peut-être, que je veux considérer la femme.

Ce n’est pas avec impétuosité que l’univers a été

  1. Il a publié séparément les fragments de Sapho, et les éloges qu’elle a reçus.