Page:Mirabeau l'aîné - Erotika Biblion, 1867.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
EROTIKA BIBLIO

lupins, en Savoie. Plusieurs savans font remonter l’origine de ces sectes à Muacha, mère d’Asa, roi de Juda, grande-prêtresse de Priape : c’est dater de loin, comme on voit.

Cette double vertu d’Adam parait avoir encore été indiquée dans la fable de Narcisse, qui, épris de l’amour de lui-même, veut jouir de son image, et finit par s’assoupir en échouant à l’ouvrage[1].

Tous ces doutes, toutes ces recherches sur les jouissances contre notre nature actuelle, ont donné lien à une grande question, à savoir : An imperforata, mulier possit concipere ? « Si une fille imperforée peut se marier ? »

On conçoit que les PP. Cucufe et Tournemine, savants jésuites, ont approfondi cette question, et qu’ils ont été pour l’affirmative ; l’œuvre de Dieu, disent-ils, ne peut en aucun cas exister d’une manière contraire aux fins de la nature ; une fille privée de la vulve en apparence, doit donc trouver dans l’anus des ressources pour remplir le vœu de la reproduction, la première et la plus inséparable des fonctions de notre existence.

Cucufe et Tournemine ont été attaqués, cela devait être ; mais le savant Sanchez, Espagnol, qui a étudié trente ans de sa vie ces questions assis sur un siège de marbre, qui ne mangeait jamais ni poivre, ni sel, ni vinaigre, et qui, quand il était à table pour dîner, tenait toujours ses pieds en l’air, Sanchez[2] a défendu

  1. Telle est l’origine même du mot Narcisse, lequel vient du grec νάρχη, narkè, assoupissement ; de là le narcisse fut la fleur chérie des divinités infernales ; de là vient aussi que l’on offrait anciennement les narcisses aux Furies, parce qu’elles engourdissaient, assoupissaient les scélérats.
  2. « Salem, piper, acorem respuebat, Mensæ vero accumbebat