Page:Mirabeau l'aîné - Erotika Biblion, 1867.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
EROTIKA BIBLION

devraient nous apprendre. Le grand art est de lier toujours la science de la nature avec celle de la théologie, et non de faire heurter sans cesse les choses saintes et la raison, les croyants fidèles et les philosophes.

Une des sources du discrédit où les livres saints sont tombés, ce sont les interprétations forcées, que notre amour-propre, si orgueilleux, si absurde, si rapproché de notre misère, a voulu donner à tous les passages que nous ne pouvons expliquer. De là sont nés les sens figurés, les idées singulières et indécentes, les pratiques superstitieuses, les coutumes bizarres, les décisions ridicules ou extravagantes dont nous sommes inondés. Toutes les folies humaines se sont étayées tour à tour des passages rebelles aux interprètes, qui s’évertuent, s’obstinent, et ne doutent de rien ; comme si l’Être suprême n’avait pas pu donner à l’homme des vérités qu’il ne devait connaître, savoir, approfondir que dans les siècles à venir. Du moment où vous admettez que la Bible est faite pour l’univers, songez que l’on sait aujourd’hui bien des choses que l’on ignorait il y a quarante siècles, et que dans quatre mille autres années, on saura des faits que nous ignorons. Pourquoi donc vouloir juger par anticipation ? Les connaissances sont graduelles, et ne se développent que par une marche insensible, que les révolutions des empires et de la nature retardent ou ralentissent. Or, l’intelligence de la Bible, qui existe depuis un si grand nombre de siècles qu’il y a bien peu de choses à citer d’une aussi haute antiquité, demande peut-être encore un long période d’efforts et de recherches.

L’un des articles de la Genèse qui a singulièrement aiguisé l’esprit humain, c’est le verset 27 du chapitre I :