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L’ANÉLYTROÏDE

distingue les planètes des étoiles fixes que par le nom d’errantes. C’est sans doute par cette raison qu’il n’est fait aucune mention des planètes dans tout le récit de la création. Tout y est représenté relativement à l’homme vulgaire, auquel il ne s’agissait pas de démontrer le vrai système de la nature, et qu’il suffisait d’instruire de ce qu’il devait à l’Être suprême, en lui montrant ses productions comme bienfaits. Toutes les vérités sublimes de l’organisation du monde, si l’on peut parler ainsi, ne devaient paraître qu’avec le temps, et l’Être souverain se les réservait peut-être, comme le plus sûr moyen de rappeler l’homme à lui, lorsque sa foi, déclinant de siècles en siècles, serait timide, chancelante et presque nulle ; lorsque éloigné de son origine, il finirait par l’oublier ; lorsque accoutumé au grand spectacle de l’univers, il cesserait d’en être touché, et oserait en méconnaître l’auteur. Les grandes découvertes successives raffermissent, agrandissent l’idée de cet Être infini dans l’esprit de l’homme. Chaque pas qu’on fait dans la nature produit cet effet, en rapprochant du créateur. Une vérité nouvelle devient un grand miracle, plus miracle, plus à la gloire du grand Être, que ceux qu’on nous cite, parce que ceux-ci, lors même qu’on les admet, ne sont que des coups d’éclat que Dieu frappe immédiatement et rarement, au lieu que dans les autres il se sert de l’homme même pour découvrir et manifester ces merveilles incompréhensibles de la nature, qui, opérées à tout instant, exposées en tout temps et pour tous les temps à sa contemplation, doivent rappeler incessamment l’homme à son créateur, non-seulement par le spectacle actuel, mais encore par ce développement successif.

Voilà ce que nos théologiens ignorants et vains