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NOTES SUR

je fis le premier sacrifice à Vénus ? Je veux que Junon me punisse, si je me souviens jamais d’avoir été vierge ! car je n’étais encore qu’une enfant, que je folâtrais avec ceux de mon âge ; et à mesure que je croissais, je me divertissais avec de plus grands jusqu’à ce que je sois parvenue à l’âge où je suis. »

Les femmes publiques n’étaient point mêlées avec les citoyens ; et dans ces temps malheureux où l’on voyait à Rome la plus honteuse débauche régner sur le trône, à la cour et dans la haute classe de la société, les prostituées gardaient une sorte de décence et de pudeur que les dames ne connaissaient plus.

On voyait Pompeïa, femme de Jules-César, se laisser séduire par Clodius, pendant le sacrifice de la Bonne Déesse, et l’empereur, son époux, vivre en adultère avec la fameuse Cléopâtre, reine d’Égypte, après qu’il eut débauché Servilie, mère de Brutus, et les plus illustres Romaines[1]. César avait déjà commis, dans sa jeunesse, le péché contre nature avec Nicomède, roi de Bithynie[2]. Il fut, pour ses nombreuses fredaines, appelé la femme de tous les maris et le mari de toutes les femmes[3].

Auguste n’était point exempt de la petite fantaisie de César : il la goûtait souvent avec son favori Mécène, dont la femme lui servait de concubine. Entremetteuse de son capricieux époux, l’impératrice Livie lui procurait des femmes de toutes parts, et prêtait quelquefois une main complaisante à certain objet fort variable de sa nature[4] ; tandis que son volage époux se livrait à une flamme incestueuse avec sa propre fille Julie, si dissolue dans ses mœurs qu’elle osa publier ses turpitudes, ne recevant, disait-elle,

  1. Suet. in Jul. Cæs., cap. L.
  2. Ibid., cap. XLIX.
  3. Omnium mulierum virum, et omnium virorum mulierem Suet., in Jul. Cæs., cap. LII.
  4. Xiphilin., in Aug.Dio., lib. XLVIII.