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LA LINGUANMANIE

Posteâ populo patebit
  Ad singulos solidos.


Dans ces lieux de débauche, un règlement de police indiquait l’heure de se retirer, et le son d’une cloche avertissait le public du moment de l’entrée et de la sortie de ces lupanaria[1].

Les courtisanes qui se distinguèrent le plus dans la prostitution, furent Pyrallis, Gallia, Lysisca et Flora, qui en mourant nomma le Sénat romain pour son héritier, ce qui lui valut une apothéose, et Quartilla, dont Pétrone nous a dépeint la galante impudicité[2]:

« Encolpe et Ascylte, dit-il, sont chez la courtisane Quartilla. Après que de vieux débauchés les eurent fatigués de caresses lascives et révoltantes, Psyché, suivante de Quartilla, s’approcha de l’oreille de sa maîtresse, et lui dit en riant quelque chose ; elle répondit : — Oui, oui, c’est fort bien avisé, pourquoi non ? Voilà la plus belle occasion qu’on puisse trouver pour faire perdre le pucelage à Pannichia. On fit aussitôt venir cette petite fille, qui était fort jolie, et ne paraissait pas avoir plus de sept ans ; c’était la même qui, un peu auparavant, était entrée dans notre chambre avec Quartilla. Tous ceux qui étaient présents applaudirent à cette proposition ; et pour satisfaire à l’empressement que chacun témoignait, on donna les ordres nécessaires pour le mariage. Pour moi (c’est Encolpe qui parle), je demeurai immobile d’étonnement, et je les assurai que Giton avait trop de pudeur pour soutenir une telle épreuve et que la petite fille n’était pas aussi dans un âge à pouvoir endurer ce que les femmes souffrent dans ces occasions. — Quoi ! répartit Quartilla, étais-je plus âgée lorsque

  1. Tempus quando ad meretricem eundum erat, lenones indicabant tintinnabulo, et ante nonam fores erant clausos vel ex more, vel ex lege aut edicto aliquo. Voyez Pitiseus.
  2. Traduit par l’auteur de l’Origine des Prostitutions.