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LA LINGUANMANIE

« Je chanterai mon bien-aimé, qui est pour moi une grappe de raisin de Chypre. » Cant. I, 13.

« Car le roi m’a déjà fait entrer dans ses celliers, et je suis ivre. » Cant. I. 3.

« Mon bien-aimé est pour moi comme un bouquet de myrrhe ; il demeurera entre mes tétons[1]. » Cant. I, 12.

« Qu’il me donne un baiser de sa bouche. » Cant. I, 1.

« Fortifiez-moi avec des pommes odorantes, parce que je languis d’amour. » Cant. II, 5.

« Je me reposerai sous celui que j’ai désiré. » Cant. II, 5.

« Là je lui offrirai mes tétons. » Cant. VII, 12.

« Mon bien-aimé mit la main au trou, et mon ventre a tressailli de ses attouchements. » Cant. V, 4.

Au livre de Judith, chap. XIII, v. 8, 9 et 10, on voit la jolie veuve de Manassès, la fière Judith, aller dévotement en bonne fortune trouver dans sa tente l’Assyrien Holopherne, qui assiégeait Béthulie, et, à l’âge de 65 ans[2], inspirer à ce général une violente passion, auquel, hélas ! et quatre fois hélas ! pour vous plaire, ô mon Dieu ! elle coupa le cou d’un coup de son propre coutelas, après avoir couché avec lui.

Nous voyons au livre d’Esther, chap. I et II, v. 11 et 8, Assuérus, qui régnait de l’Inde à l’Éthiopie sur cent vingt-sept provinces, répudier la belle mais insolente Vasthi, qui refusait de montrer sa beauté in naturalibus aux libertins de sa cour ; et puis, usant de son privilège de despote, parmi les trois cents belles vierges qui lui furent amenées pour être ses courtisanes, choisir l’aimable et mignonne Esther et l’admettre à l’honneur de partager sa couche royale.

Le livre d’Ézéchiel justifie par ses peintures hardies celles du Portier des Chartreux. Il vous offre, aux cha-

  1. On se sert ici du mot propre, pour ne pas affaiblir la couleur du sujet dont Salomon était si plein.
  2. C’est l’âge que lui donne le révérend P. Dom. Calmet.