Page:Mirabeau l'aîné - Erotika Biblion, 1867.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

NOTES SUR LA LINGUANMANIE[1]



Ἔσθιε, πῖνε, ὄχευε, ὡς ἄτἁ ἄλλα ουδενός, ἐςιν ἄξια.
Apollodorus, in Sardanap.


Uxor, te cunnos nescis habere duos.
Martial.


Page 126. — « C’étaient des maisons publiques où les hommes et les femmes pêle-mêle s’abandonnaient à tous les genres de libertinage. »

La prostitution date de la plus haute antiquité. Les Orientaux l’admirent dans le culte de leur religion, et ne la considérèrent point comme un dérèglement de mœurs ; ils la consacrèrent d’abord à célébrer le premier instant de l’existence de l’être auquel ils ouvraient le sentier de la vie. Elle fut ensuite un des moyens puissants d’accroître et de propager l’espèce humaine. Dans les temps patriarcaux, nous trouvons Ada et Selles, concubines de Lamech, père d’Abraham, se distinguer dans le métier, et leur progéniture bravement suivre leur exemple[2]. Aux petits soins avec Abraham, la jeune Sara, dont Dieu avait fermé le sein, conclusit, met dans le lit de son mari la fraîche et

  1. Du latin lingua, langue, et du grec μανία, fureur, dérivé de μαίνομαι, rendre furieux. — Cunni-langues, la Gamahuche.
  2. Gen., chap. IV, v. 19 ; V et VI, v. 1, 2, 3, 4.