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NOTES SUR L’ANOSCOPIE[1]



Prophetæ prophetabant mendacium et sacerdotes applaudebant manibus suis : et populus dilexit talia.
Jérém., cap. V, v. 31


Notre crédulité fait toute leur science.
Voltaire, Œdipe, acte IV, sc. 5.


La connaissance de l’avenir n’appartient qu’à la Divinité. Ceux qui prétendent s’attribuer la faveur de découvrir les choses cachées, sont de ces imposteurs ambitieux qui ne s’arrogent ces prétendues inspirations que pour mieux acquérir de l’ascendant sur le peuple, toujours avide du merveilleux, en spéculant sur son ignorance et sa crédulité. On a vu quelquefois les prédictions de ces adroits fripons justifiées par l’événement, et les Pères de l’Église et autres gens grossiers ont poussé a bonhomie jusqu’à faire accroire que Dieu a doué les démons de la science divinatoire, pour donner plus d’éclat à la vérité et confondre l’erreur par l’erreur. Ainsi, parce que plusieurs prédictions ont reçu leur accomplissement, que tous les peuples

  1. Du grec ανα, au-dessus, et de σκοπιἁ, action d’épier, formé de σκοπέω, je considère, je contemple. — Astrologie judiciaire, jonglerie.