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NOTES SUR

rii, doit prévaloir sur celle de saint Jérôme. En effet, le mot grec σἁθη, en latin veretrum, d’où est formé celui de satyre, indique assez la lubricité des inclinations de ce vil animal.

Au reste, le bouc était placé parmi les divinités de l’Égypte que l’on honorait le plus : il avait un culte tout particulier. Les femmes n’avaient point horreur à lui soumettre leurs corps, et les hommes ne dédaignaient pas de caresser leurs chèvress dans leur délire superstitieux, ils allaient quelquefois jusqu’à se prosterner devant un bouc et à baiser le derrière de ce puant animal[1] : de là vient sans doute que la Bible, en parlant des idoles, les appelle les velus, sahirim, et lorsque le prophète Isaïe dit, ch. 13, v. 21, que les velus danseront, pilosi saltabunt, il faut l’entendre, disent les interprètes, des démons qui empruntaient quelquefois cette forme sauvage.

Je ne me hasarderai pas à contester l’existence de ces hommes capripèdes ; je me tiens respectueusement aux Saintes Écritures et à ce qui en est rapporté par saint Jérôme, qui nous apprend que saint Antoine, dans son désert, fit la rencontre d’une espèce de nain, au front cornu, aux narines crochues, aux pieds de bouc, qui lui présenta des dattes et l’assura qu’il était un de ces habitants que les païens avaient honorés sous le nom de faunes et de satyres ; qu’il était député vers lui, pour le conjurer d’intercéder pour eux près le Dieu commun, qu’ils savaient bien être venu en terre pour le salut du monde[2].

Preuve indubitable qu’il existe des démons sous la figure

  1. Voyez la Bible de Voltaire, au chapitre du Lévitique.
  2. Inter saxosam convallem haud grandem homunculum vidit aduncis naribus, fronte cornibus asperatâ, cujus extrema pars corporis in caprarum pedes desinebat, et responsum accepit Antonius : Mortalis ego sum unus ex accolis eremi, quos vario errore delusa gentilitas, faunos satyrosque vocans, colit. Precemur ut pro nobis communem Deum depreceris, quem pro salute mundi venisse cognovimus. S. Hieronymus, in Vita S. Pauli.