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BÉHÉMAH

tures. Aussi, il n’est guère de questions qui aient suscité plus de difficultés et de disputes aux plus anciens philosophes, pour accorder la diversité de leurs opinions, que celle qui concerne la nature et le véritable siège de l’âme.

Hippocrate, le père de la médecine, la plaçait dans le ventricule du cerveau. Les Stoïciens soutenaient qu’elle résidait dans le cœur et le cerveau ; Zénon était de ce sentiment. Galien a cru que chaque partie du corps avait son âme. Empédocle mettait l’âme dans le plus pur sang du corps[1], et Critias, au rapport d’Aristote[2], partageait encore cette opinion, qui date du temps de Moïse : c’est pourquoi ce sage législateur fit défense aux Juifs de manger le sang des animaux[3]. Pythagore regardait l’âme comme une particule de la divinité, et croyait que l’acte de la génération était une violence faite aux âmes qui habitent dans le ciel, en les arrachant de cet heureux séjour. Et partant de ce principe, il défendit à ses disciples de se nourrir de fèves, parce que, soutenait-il, au rapport de Windet[4], « κυάμοι intelligendi sunt de testiculis virorum, aut de papillis muliebribus ; » et que ce légume « άγόνατον έι, genuum expers est, ac penitus perforatur, nec articulorum sive geniculorum obicibus intercipitur, perinde ac porta inferni nunquam oppessulata animabus, εἰς γένεσις κατιουσαις, in generationem descendentibus[5]. »

D’après ces hypothèses, on sent aisément combien toute

  1. Empedocles autem animum esse censet cordi suffusum sanguinem. Cic. Tusc., quœst. I.
  2. De Anim., lib. I, cap. 2 ; Έτεροι δει αἲμα, καταπερ Κριτίας. Το ἁισθάνεσθαι τῆς ψυχῆς ὀικείοτατον ὑκολαμβάνοντες τουτο δει ύπαρχειν διά την του αίματος φυσιν. — Alii verô sanguinem, ut Critias, existimantes sentire esse maxime proprium animæ, hoc verô accidere propter sanguinis naturam.
  3. Deut., cap. XII, v. 23. — Lévit., cap. XVII, v. 11 et 14.
  4. Windet, de Statu vità functorum.
  5. Ibid. — Cic., de Divin., lib. I et II : Fabâ Pythagorei astinuere, quasi verô eo cibo mens, non venter infletur.