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LA THALABA

Je ne signale donc les dangers de cette vile passion qui dégrade l’homme en le portant à tous les excès, que pour relever davantage ces jeux et ces exercices si utiles que les anciens avaient rangés parmi leurs cérémonies religieuses, dans le but de développer les forces et l’agilité du corps, et de disposer la jeunesse par une santé robuste, toujours si influente sur ses actions, à devenir d’utiles citoyens.

Les théâtres consacrés à ces nobles gymnastiques[1] étaient des lieux spacieux, où les anciens s’assemblaient pour y disputer le prix de la lutte, du disque, du palet, de la course, du saut ou du pugilat.

Leurs jeux les plus célèbres étaient au nombre de quatre, qu’ils désignaient sous le nom de combats, ἀγὢνες, ainsi que le confirme ce vers d’Homère :

Τέσσαρές είσιν ἀγῶνες έν Ελλάδα.


Les Olympiques se célébraient au bout de quatre ans révolus, en l’honneur de Jupiter, à Pise, non loin d’Olympie, ville d’Élide, dans le Péloponèse. Ils duraient cinq jours, et commençaient par un sacrifice solennel.

Les Pythiques avaient lieu à Delphes, en l’honneur d’Apollon, pour perpétuer sa victoire sur le serpent Python.

Les Isthmiques, institués par Sisyphe, roi de Corinthe, en l’honneur de Neptune, se solennisaient tous les trois ans dans l’isthme de Corinthe, près du temple de ce dieu.

Et les cérémonies des Néméens se consacraient à la même époque à Argos, en mémoire d’Archemore, fils de Lycurgue, roi de Némée, qui mourut de la morsure d’un serpent.

Célébrés avec éclat et magnificence, sous les yeux des rois, des magistrats et d’une foule immense de spectateurs que le désir de la gloire y attirait de toutes parts, ces jeux

  1. Du grec γυμναςικὸς, lieu où les Grecs s’exerçaient à certains jeux ; formé de γυμνος, nu, parce qu’ils étaient nus ou presque nus pour s’y livrer plus librement.