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LA TROPOÏDE

était singulière. Moïse fit son frère Aaron grand-prêtre… »

.....Et dedita sacris
Incerta Judæa Dei.

Lucain.


Lorsque chez le peuple hébreu le Temple eut succédé au Tabernacle, ce fut dans la tribu de Lévi que l’on choisit les serviteurs pour faire le service intérieur du temple ; l’honneur du sacerdoce fut réservé à la seule famille d’Aaron, que son frère Moïse créa pontife, en vertu de son double droit de chef et de législateur des Juifs.

À tout seigneur, tout honneur. Les habits du pontife, non moins que sa haute dignité, le distinguaient des autres ministres de l’autel. Par-dessus une tunique de lin, commune à tous les prêtres, il portait une robe couleur de jacinthe, appelée mehil dans le texte hébreu. Cette robe lui descendait jusqu’aux genoux, et les bords en étaient garnis de clochettes d’or et de grenades. Outre ce vêtement, le grand-prêtre avait encore une espèce de justaucorps sans manches, nommé éphod, parce qu’il s’attachait sur les épaules. Chaque épaule portait pour ornement une pierre précieuse, sur la face droite de laquelle étaient gravés les noms des six fils aînés de Jacob, et sur la face gauche, ceux des six fils puînés. Sa poitrine était couverte d’un pectoral d’étoffe carré, de la longueur de dix pouces, rayonnant de douze pierres d’un prix inestimable, qui, outre les noms de ces douze fils, portaient encore gravés les mots d’Urin, Lumière, et de Thurim, Vérité. Il se revêtait, le grand-prêtre, de ce brillant pectoral, dans les grandes cérémonies et lorsqu’il allait consulter la Divinité. De ces pierres précieuses jaillissait, dit-on, un feu extraordinaire, et les Juifs, peuple bête et superstitieux, attribuaient à ces deux mots la vertu d’un talisman ou de la pierre philosophale.

Sur le front de sa tiare de lin, brillait une lame d’or