Page:Mirabeau l'aîné - Erotika Biblion, 1867.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
149
L’ISCHA

souvent ainsi au pluriel dans la Bible, tandis que le verbe, le pronom et l’adjectif restèrent au singulier. Dans la Genèse, on dit Elohe bara, les Dieux créa ; ce qui peut s’entendre des trois personnes. » Il est donc évident que toutes les fois qu’on trouve dans les livres canoniques le nom de Dieu au pluriel, loin d’y voir une faute d’orthographe judaïque, ou la preuve de l’ignorance des copistes, on doit y reconnaître le plus profond des mystères, celui de la très-sainte Trinité. Le Saint-Esprit, par une faveur insigne et particulière, le manifesta au peuple élu, au moyen de l’une des ingénieuses énigmes qu’il sait employer si à propos.

N’est-il pas déplorable qu’un poëte corrupteur nous eût déjà révélé, en vers burlesques, la vérité qui a coûté de si profondes recherches au révérend Père de Châteaubriant, et qu’il soit parvenu à ridiculiser, aux yeux des impies, le père, ancêtre majestueux des temps, en mettant dans sa bouche les paroles mêmes de Moïse et du célèbre auteur du Génie du Christianisme ?

(Tiré de Lamuel, ou le Livre du Seigneur.)[1]


Page 35. — « La première personne à laquelle Jésus-Christ se montra après sa résurrection, fut Marie-Madeleine. »

Rien dans l’antiquité n’approcha jamais de cette consolante doctrine de ramener à l’honneur par le repentir. Régénérée par la pénitence, une chrétienne, quelque grande que soit la faute qu’elle a commise, si elle s’en repent, est aussitôt purifiée et rendue à sa première considération. Aussi, il y a au ciel, pour une brebis égarée qui revient au bercail de l’Église, beaucoup plus de joie que pour dix saints qui n’ont jamais péché.

La vie de Marie-Madeleine nous en offre le plus frappant exemple et confirme nos réflexions. Après avoir mené une

  1. De Bory de Saint-Vincent. Liège et Paris, 1816, in-18.