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XI
préface

cielle qu’on lui donne aujourd’hui, assimilerait davantage à la nature de l’homme, qu’elle égale en perfectionnement, et lui ferait participer avec une parfaite égalité de droits à la jouissance de la vie civile.

Plus énergique, mais non moins éloquent, c’est dans la Tropoïde que le talent inimitable de Mirabeau prend un nouvel essor pour s’élever aux plus hautes pensées. Vivant dans un temps où la corruption d’une cour offrait à la méditation du philosophe le tableau le plus saillant et le plus hideux d’une dissolution sans exemple, il porte le flambeau de l’investigation sur celle d’un peuple d’une autre époque beaucoup plus reculée de nous, et les comparant ensemble, il démontre avec une admirable vérité, que l’espèce humaine, dont les facultés morales ont une connexion si intime avec ses facultés physiques, est susceptible d’une perfectibilité qui se développe par les lumières de l’observation et de l’expérience, et qui s’augmente successivement avec les progrès de la civilisation. Il prouve que si des nuances plus ou moins caractéristiques distinguent si diversement tous les peuples de la terre, il faut l’attribuer à l’influence du sol qu’ils habitent et aux institutions politiques qui leur sont imposées, soit par des despotes qui les gouvernent d’après leurs vices ou leurs vertus, soit par des conquérans qui les modèlent sur leurs propres mœurs et les climats qu’ils ont quittés.

Le Thalaba nous fait voir l’homme dans toute la turpitude d’un vice infâme, lorsque subjugué par