Page:Mirabeau l'aîné - Erotika Biblion, 1867.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
NOTES SUR

langue fût entièrement perdue ; que plusieurs savants s’occupaient à la retrouver, et qu’ils y auraient de la peine. »

Mais si cet orgueilleux eût été rempli de foi, il eût admiré le plus ce qu’il comprend le moins, et se fût aisément convaincu que si notre premier père donna à chaque animal son vrai nom, c’est que, créé dans un état de pure innocence, il avait reçu de Dieu, au rapport de saint Thomas[1], la science la plus parfaite et la connaissance de toutes les choses de la nature ; que sur l’ordre de Dieu même, Adam avait imposé à tous les animaux le nom qui leur était propre ; d’où il suit qu’il connaissait parfaitement la nature de ces animaux. En effet, les noms véritables doivent être en harmonie avec la nature des choses[2].

Cependant, sans comprendre clairement et fixement l’essence divine, Adam, beaucoup plus que nous, en a eu une haute et parfaite connaissance[3].

Voilà une explication lumineuse d’un passage de la Bible vraiment extraordinaire, qui doit confondre la raison de tous les incrédules.


Page 24. — Pour donner un échantillon du profond savoir et de la délicatesse du révérend Sanchez, jésuite et casuiste très-versé dans la controverse, voici quelques-unes de ces questions sur lesquelles il s’est sérieusement évertué et qu’il a proposées à résoudre pour l’édification de ses lecteurs et la très-grande gloire de Dieu.

Il demande :

Utrum liceat extra vas naturale semen emittere ?
De alterâ femina cogitare in coïtu cum sud uxore ?
Seminare consulto, separatim ?
Congredi cum uxore sine spe seminandi ?
Impotentiæ tactibus et illecebris opitulari ?

  1. Quæst., 94, art. 3
  2. Saint Chrysost., Hom. 14, in Gen.
  3. Saint Thomas, Quæst. 94, art. 1.