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L’ANÉLYTROÏDE

lui-même ? Comment mettre en harmonie ce passage de la Genèse avec la manifeste contradiction qu’il paraît impliquer ? Cette question embarrassante a fait suer bien des Pères de l’Église, mais saint Thomas d’Aquin[1], plus malin ou plus inspiré que ses confrères, l’a résolue sans difficulté, en assurant que les hommes se faisaient, dans l’état d’innocence, par l’intuition des idées ou d’une manière spirituelle, comme par l’endroit dont parle Agnès dans l’École des Femmes, en prétendant que les parties de la génération ne sont venues aux hommes qu’après le péché, comme les marques perpétuelles de la désobéissance du premier !  !  !… Et qu’on ne soupçonne par l’ange de l’école de déraisonner ! il était plus que personne à même de connaître la vérité qu’il avance, lui qui conversait dans la sainte familiarité de son Dieu ; lui à qui, selon le trop hardi abbé Dulaurens[2], un crucifix de bois a fait un compliment académique, le jour, sans doute, qu’il prouva si heureusement et avec tant de clarté, dans sa soixante-quinzième question, que l’homme possède trois âmes végétatives, savoir, la nutritive, l’augmentative et la générative !


Page 21. — « Le nom qu’Adam donna à chacun des animaux est son nom véritable. »

Un philosophe déiste du dix-huitième siècle, dans ses Commentaires sur la Bible, s’est permis de calomnier ce passage de la Genèse, en disant que « cela supposait qu’il y avait déjà un langage très-abondant, et qu’Adam, connaissant tout d’un coup les propriétés de chaque animal, exprima toutes les propriétés de chaque espèce par un seul mot, de sorte que chaque nom était une définition ; » et s’armant de l’arme du ridicule, si mortelle entre ses mains, il ajouta dans son délire « qu’il était triste qu’une si belle

  1. Quœst., cap. I et seq.
  2. Arétin moderne, 2me partie, art. Calendrier.