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L’ANAGOGIE

voir. C’est là sans doute la raison pourquoi la Bible, en parlant de Dieu, nous le représente sans cesse comme s’il avait un corps tout semblable au nôtre, avec nos passions, nos vices et nos vertus. Si donc elle lui attribue de la colère, de la pitié, de la fureur, et lui donne des yeux, une bouche, des mains et des pieds, il n’en suit pas qu’il faille le prendre au pied de la lettre, mais tel que notre imagination a l’habitude de se le figurer, malgré les lumières de notre faible raison et de la foi divine qui nous a été révélée de toute éternité. Si donc il est des personnes assez grossières pour se méprendre sur le sens anagogique de l’Écriture, il faut en avoir pitié et implorer pour elles l’infusion du Saint-Esprit.

Mais le lecteur est suffisamment éclairé sur l’explication d’un titre que Mirabeau, on ne sait pas pourquoi, a jugé à propos de laisser en grec ; et il comprendra sans doute la mysticité de cet ouvrage.


Page 6. — « Des anus d’or guérissaient les hémorrhoïdes. »

En l’an du monde 2860, Ophni et Phinées, deux fils du grand-prêtre Heli, couchaient avec toutes les femmes qui venaient à la porte du Tabernacle : « dormiebant cum mulieribus quæ observabant ad ostium Tabernaculi[1]. »

Le vieillard, instruit de ces désordres, réprimanda paternellement ses fils, et malgré les sages conseils qu’il leur donna sur les devoirs des prêtres qu’ils violaient, ils n’écoutèrent point la voix de leur père, « non audierunt vocem patris sui ; » ce qui était inutile, ce me semble, puisque d’avance le Seigneur avait déjà résolu de les tuer, « quia voluit Dominus occidere eos[2]. » Or, le Dieu d’Israël, colère et jaloux, se fâcha un beau matin du bloc de pecca-

  1. Reg., lib. I, cap. 2, v. 22.
  2. Rois, liv. I, ch. 2, v. 25.