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EROTIKA BIBLION

les plus déterminés. Nous avons déjà montré dans un morceau de ces Mélanges, très en raccourci, ce que le peuple de Dieu savait faire[1]. Érasme a recueilli dans les auteurs grecs et romains une foule d’anecdotes et de proverbes qui supposent des faits dont l’imagination la plus hardie est effrayée : j’en citerai quelques-uns.

Nous n’avons point, par exemple, de mauvais lieux qui puissent nous donner une idée de ce qu’on appelait à Samos le parterre de la nature. C’étaient des maisons publiques où les hommes et les femmes, pêle-mêle, s’abandonnaient à tous les genres de libertinages ; car ce serait prostituer le mot de volupté que de l’employer ici. Les deux sexes y offraient des modèles de beauté, et de là le titre de parterre de la nature[2]. Les vieilles mettaient encore à profit, dans d’autres lieux, les restes de leur lubricité. Elles étaient tellement impudiques, qu’on les comparait à des animaux qui avaient l’odeur, l’ardeur, la lasciveté des boucs[3] :


...... Verum noverat
Anus caprissantis vorare viatica.

  1. Voyez la Tropoïde, où j’aurais pu ajouter un très-grand nombre d’autres passages tirés de la Bible. On trouve, par exemple, dans le Livre de la Sagesse (chap. XIV, v. 26), plusieurs reproches d’impureté, d’avortements criminels, d’impudicités, d’adultères, etc. Jérémie (chap. V, v. 18, etc.) déclame contre l’amour des jeunes garçons. Ezéchiel parle de mauvais lieux et des marques de prostitution à l’entrée des rues (ch. XVI, v. 24, 25, 26, 37), etc., etc.
  2. Erasme, Prov. XXIII, pag. 668. — « Samorium flores. — Ubi quis extremam voluptatem decerperet. — Σαμίωνἄνθη, la Samoniante. — Puellæ, veluti flores arridentes, ad libidinem invitabant. »
  3. « Ani hircassantes, Γραῡς χαπρῶσα. » Erasme, Prov. IX, pag. 336. « De juvene, cui anus libidinosa omnia suppeditabat, quo vicissim ab illo voluptatem auferret. Nota est hircorum libido, odorque, qui et subantes consequitur. »