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LA LINGUANMANIE

préparée se couvrait d’une de ces gazes qui, selon l’expression d’un ancien, ressemblaient à du vent tissu, et laissait briller tout l’éclat de la beauté ; elle passait dans le cabinet des parfums, où, au son des instruments qui versaient une autre sorte de volupté dans son âme, elle se livrait aux transports de l’amour… Portons-nous les raffinements de la jouissance jusqu’à cet excès de recherches[1] ?

Il serait possible d’apporter en preuve de notre infériorité en fait de libertinage, par rapport aux anciens, une infinité de passages qui étonneraient nos satyres

  1. Une simple nomenclature d’une très-petite partie des mots de leur dictionnaire de volupté, si je puis parler ainsi, peut décider la question.

    La Corycobole était une tronchine.
    Les Jatraliptes, les essuyeurs en cygne.
    Les Unctores, les parfumeuses.
    Les Fricatores, les trotteuses.
    Les Tractatrices, les pressureuses ou pétrisseuses.
    Les Dropacistæ, les enleveuses de durillons.
    Les Alipilarii, les épilateurs.
    Les Paratiltres, les vulvaires.
    Les Picatrices, les parfileuses en vulves.
    La Samiane, le parterre de la nature. (Voyez ci-après, p. 126.).
    L’Hircisse, le bouquinage des vieilles.
    La Corobole, κοιροπωλῶ. (Pour peu qu’on sache le grec, l’on m’entend.)
    La Cleitoride, ou contraction du clitoris.
    La Corinthienne, la mobilité des charnières.
    La Lesbienne, les cunni-langues
    La Siphnissidienne, le postillon.
    La Phicidissienne, la pollution de l’enfance.
    Sardanapaliser, vautrer entre les eunuques et les filles.
    Chalcidisser, le lèchement des testicules.
    Fellatricer, sucer le gland.
    Phœnicisser, irrumuer en miel, etc., etc.

    Une preuve qu’ils étaient plus aguerris que nous, c’est qu’il n’y a presque pas un de ces mots que nous ne soyons obligés de rendre par une périphrase.