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EROTIKA BIBLION

dont ces corps tiraient leur force, ils dégénérèrent bien rapidement avec leurs mœurs[1] ; et si les anciens s’occupèrent d’abord à trouver tout ce qui pouvait augmenter les forces et conserver la santé, ils en vinrent à ne chercher qu’à faciliter et étendre les jouissances ; et c’est encore ici une occasion de remarquer combien nous les exaltons pour nous calomnier nous-mêmes. Quel parallèle y a-t-il à faire de nos mœurs avec l’esquisse que je vais tracer ?

Quand une femme avait corycobolé une demi-heure, de jeunes personnes, soit filles, soit garçons, selon le goût de l’actrice, l’essuyaient avec des peaux de cygnes. Ces jeunes gens s’appelaient Jatraliptæ. Les Unctores répandaient ensuite les essences. Les Fricatores détergeaient la peau. Les Alipilarii épilaient. Les Dropacistæ enlevaient les cors et les durillons. Les Paratiltriæ étaient de petits enfants qui nettoyaient toutes les ouvertures, les oreilles, l’anus, la vulve, etc. Les Picatrices étaient de jeunes filles uniquement chargées du soin de peigner tous les cheveux que la nature a répandus sur le corps, pour éviter les croisements qui nuisent aux intromissions. Enfin, les Tractatrices pétrissaient voluptueusement toutes les jointures pour les rendre plus souples. Une femme ainsi

  1. Je doute, par exemple, que la Corycomachie ou la Corycobolie, qui était la quatrième sphérique des Grecs, soit restée en usage chez eux lorsqu’ils furent devenus le peuple le plus élégant de la terre. On suspendait au plancher un sac rempli de corps lourds ; on le prenait à deux mains, et on le portait aussi loin que la corde pouvait s’étendre ; après quoi, lâchant le sac, ils le suivaient ; et lorsqu’il revenait vers eux, ils se reculaient pour céder à la violence du choc, puis le repoussaient avec force. (Voyez M. Burette, sur la Gymnastie des Grecs et des Romains.) Je ne crois pas qu’un tel exercice ait été du goût des petites-maîtresses d’aucun siècle.