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EROTIKA BIBLION

les plus indécentes au seul aspect d’un homme. La présence de ses parents, leurs remontrances, les plus rudes châtiments, rien ne la retenait ; elle ne perdait cependant pas la raison, et ses accès affreux cessaient quand elle était avec des femmes. Peut-on supposer que cette enfant avait déjà beaucoup abusé de son instinct ?

En général, les filles brunes, de bonne santé, d’une complexion forte, qui sont vierges, et surtout celles qui, par leur état, semblent destinées à ne pouvoir cesser de l’être, les jeunes veuves, les femmes qui ont des maris peu vigoureux, ont le plus de disposition à la nymphomanie, et cela seul prouverait que le principal foyer de cette maladie est dans une imagination trop aiguisée, trop impétueuse, mais que l’inaction, contre nature, des sens pourvus de force et de jeunesse, en est aussi un des principaux mobiles. Il est donc juste que chaque individu consulte son instinct, dont l’impulsion est toujours sûre. Quiconque est conformé de manière à procréer son semblable, a évidemment droit de le faire ; c’est le cri de la nature qui est la souveraine universelle, et dont les lois méritent sans doute plus de respect que toutes ces idées factices d’ordre, de régularité, de principes, dont nous décorons nos tyranniques chimères, et auxquelles il est impossible de se soumettre servilement ; qui ne font que d’infortunées victimes ou d’odieux hypocrites, et qui ne règlent rien, pas plus au physique qu’au moral que les contrariétés faites à la nature ne peuvent jamais ordonner. Les habitudes physiques exercent un empire très-réel, très-despotique, souvent très-funeste, et exposent plus souvent à des maux cruels qu’elles n’arment contre eux. La machine humaine ne doit pas être plus réglée que la machine qui l’environne ; il faut travailler, se fati-