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VIII
préface

déshonorait la Divinité, le trône s’effraya d’un langage inaccoutumé pour lui, mais rejetta avec dédain les vœux de la nation entière et ne les regarda que comme un principe de rébellion : dès lors la révolution fut décidée. Cependant, plus éclairée sur une position qui devait empirer rapidement du moment que le peuple commencerait à connaître ses besoins et ses droits, la monarchie, dans son propre intérêt, eût prêté la main, sans arrière-pensée aucune, au perfectionnement de ses institutions gothiques et vermoulues, et transigé franchement avec ce qu’elle appelait si injustement le tiers-état. Alors cette révolution toute populaire, si généreuse dans ses principes, mais devenue si terrible dans la suite par l’opposition insensée des prétentions nobiliaires et sacerdotales, se fût opérée sans secousses, sans crimes et sans malheurs.

Enfin l’heure de la vengeance sonna… Après une lutte terrible qui fit couler des torrens de sang, tout l’échaffaudage monstrueux de la royauté, du sacerdoce et de l’aristocratie, élevé par le despotisme et la superstition, croula devant l’énergique volonté du peuple, et avec sa chute disparut à jamais cet état d’esclavage et d’abrutissement où depuis tant de siècles l’espèce humaine gémissait avilie.

Ce fut quelques années avant cette terrible catastrophe, en 1780, je crois, que Mirabeau vit se préparer les grands événemens qui devaient changer la face entière de la France ; et dès cette époque, voulant de son côté hâter la régénération politique de son pays, et ajouter par ses travaux à la masse