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L’ANOSCOPIE

étrange baromètre fut utile et à la Chine et aux missionnaires qui en ont rapporté leur fameuse-querelle sur les lavements. Les Chinois ne connaissent cette sorte d’injection qu’on porte dans les intestins par le fondement que depuis l’introduction des Jésuites dans leur empire ; aussi ces peuples, en s’en servant, l’appellent-ils le remède des barbares.

Les Jésuites, qui voyaient que le mot ignoble de lavement avait succédé à celui de clystère, gagnèrent l’abbé de Saint-Cyran, et employèrent leur crédit auprès de Louis XIV, pour obtenir que le mot lavement fût mis au nombre des expressions déshonnêtes ; en sorte que l’abbé de Saint-Cyran les reprocha au père Garasse, qu’on appelait l’Hélène de la guerre des Jésuites et des Jansénistes : « Mais, disait le père Garasse, je n’entends par lavement que gargarisme ; ce sont les apothicaires qui ont profané ce mot à un usage messéant. » On substitua donc le mot remède à celui de lavement. Remède, comme équivoque, parut plus honnête ; et c’est bien là notre genre de chasteté. Louis XIV accorda cette grâce au père Letellier. Ce prince ne demanda plus de lavement, il demandait son remède ; et l’Académie fut chargée d’insérer ce mot avec l’acception nouvelle dans son dictionnaire… Digne objet d’une intrigue de cour !

Il paraît que cette honteuse maladie, appelée cristalline, qui fut le baromètre jésuitique dans la patrie de Confucius, et qui, dit-on, se perpétuait dans l’ordre des Jésuites de père en frère, n’était autre chose que la maladie dont parle l’Écriture : « Le Seigneur frappa ceux de la ville et de la campagne dans le fondement[1]. » C’est pour la guérison de cette maladie

  1. Rois, liv. I, ch. V, v. 6.