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L’ANOSCOPIE

nos Comus, étaient en fort grand nombre ; ils avaient dans les cours des plus grands rois de la terre un crédit immense ; car la superstition, qui si bien servi le despotisme, l’a toujours soumis à ses lois, et du sein de cette confédération terrible qui a ourdi tous les maux de l’humanité, le triomphe de la superstition a toujours jailli. Les ministres de la religion étaient trop habiles pour se dessaisir d’aucune des parties de leur pouvoir ; ils conservèrent avec soin tout ce qui avait trait à la divination ; ils se donnèrent en tout pour les confidents des dieux, et ceignirent aisément du bandeau de l’opinion des hommes qui ne savaient pas même douter, science qui est à peu près la dernière dont l’homme s’instruise.

De tous les peuples qui ont rampé sous le joug de la superstition, nul n’y fut plus soumis que les Juifs : on recueillerait dans leur histoire une infinité de détails sur leurs pratiques folles et coupables. La grâce que Dieu leur faisait en leur envoyant des prophètes pour les instruire de sa volonté, devenait pour ces hommes grossiers et curieux un piège auquel ils n’échappaient pas. L’autorité des prophètes, leurs miracles, le libre accès qu’ils avaient auprès des rois, leur influence dans les délibérations et les affaires publiques, les faisaient tellement considérer par la multitude, que l’envie d’avoir part à ces distinctions, en s’arrogeant le don de prophétie, devenait une passion dévorante ; en sorte que si l’on a dit de l’Égypte que tout y était dieu, il fut un temps où l’on pouvait dire de la Palestine que tout y était prophète, il y en eut sans doute plus de faux que de vrais : on n’ignore pas même que les Juifs avaient des enchantements et des philtres particuliers pour inspirer le don de prophétie, dans lesquels ils