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BÉHÉMAH

La bestialité existe plus communément qu’on ne croit en France, non par goût, heureusement, mais par besoin. Tous les pâtres des Pyrénées sont bestiaires. Une de leurs plus exquises jouissances, est de se servir des narines d’un jeune veau, qui leur lèche en même temps les testicules. Dans toutes ces montagnes peu fréquentées, chaque pâtre a sa chèvre favorite. On sait cela par les curés basques. On devrait, par la voie de ces curés, faire soigner ces chèvres engrossées et recueillir leurs produits. L’intendant d’Auch pourrait aisément parvenir à ce but sans faire révéler les confessions (abus de religion atroce dans tous les cas)[1] ; il pourrait se procurer de ces produits monstrueux par ces curés ; le curé demanderait à son pénitent sa maîtresse, qu’il remettrait au subdélégué de l’endroit, sans révéler le nom de l’amant. Je ne vois pas quel inconvénient il y aurait à tourner au profit des progrès des connaissances humaines un mal que l’on ne saurait guère empêcher.

  1. C’est dommage que les Romains n’aient pas eu, comme nous, la confession auriculaire ; nous saurions tous leurs petits secrets domestiques, comme on sait les nôtres. On saurait si les Romains déshonoraient aussi brutalement le mariage que nous le faisons. Enfin, nous n’avons pas même de détails sur les conversations des bourgeois. Rien ne devait être plus plaisant que les entretiens d’une famille qui avait été le matin sacrifier à Priape ; les jeunes filles et les jeunes garçons de la famille devaient avoir tout le reste de la journée de singulières idées.