reproduire. Les productions monstrueuses de l’humanité nous apprennent en outre jusqu’à quel point l’âme raisonnable se transmet ou se brouille, si l’on peut parler ainsi, d’avec l’âme sensitive. Il est singulier que la physique ait dédaigné ces recherches.
La partie constitutive de notre être, qui nous différencie essentiellement de la brute, est ce que nous appelons l’âme. Son origine, sa nature, sa destinée, le lieu où elle réside, sont une source intarissable de problèmes et d’opinions. Les uns l’anéantissent à la mort, les autres la séparent d’un tout auquel elle se réunit par réfusion, comme l’eau d’une bouteille qui nagerait et que l’on casserait, se réunirait à la masse. Ces idées ont été modifiées à l’infini. Les Pythagoriciens n’admettaient la réfusion qu’après des transmigrations ; les Platoniciens réunissaient les âmes pures, et purifiaient les autres dans de nouveaux corps. De là les deux espèces de métempsycoses que professaient ces philosophes.
Quant aux discussions sur la nature de l’âme, elles ont été le vaste champ des folies humaines, folies inintelligibles à leurs propres auteurs. Thaïes prétendait que l’âme se mouvait en elle-même ; Pythagore, qu’elle était une ombre pourvue de cette faculté de se mouvoir en soi-même. Platon la définit une substance spirituelle, se mouvant par un nombre harmonique. Aristote, armé de son mot barbare d’entéléchie, nous parle de l’accord des sentiments ensemble. Héraclite la croit une exhalaison ; Pythagore, un détachement de l’air ; Empédocle, un composé des éléments ; Démocrite, Leucide, Épicure, un mélange de je ne sais quoi de feu, de je ne sais quoi d’air, de je ne sais quoi de vent, et d’un autre quatrième élément qui n’a point