Page:Mirabeau l'aîné - Erotika Biblion, 1867.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
KADHÉSCH

dans l’autre vie, et dans leur doctrine, le plus grand des malheurs était de sortir de ce monde sans y laisser des enfants ; car alors on devenait la proie des plus cruels démons[1].

Mais il n’est point de lois qui puissent arrêter un désordre idéal ; aussi, malgré les injonctions des législateurs, on éludait très-communément dans l’antiquité les fins de la nature. L’histoire ne dit pas comment ni par qui commença l’amour des jeunes garçons, qui fut si universel. Mais un goût si particulier, et en apparence si bizarre, l’emporta sur les lois pénales, bursales, infamantes, etc., sur la morale, sur la saine physique. Il faut donc que cet attrait ait été impérieux. Mais cette passion bizarre a une origine qui m’a paru très-singulière : je crois que l’impuissance dont la nature frappe quelquefois, se confédéra avec des tempéraments effrénés pour l’affermir et la propager. Rien de plus simple.

L’impuissance a toujours été une tache très-honteuse. Chez les Orientaux, les hommes marqués de ce sceau de réprobation eurent le titre flétrissant d’eunuques du soleil, d’eunuques du ciel, faits par la main de Dieu. Les Grecs les appelaient invalides. Les lois qui leur permettaient les femmes, permettaient aussi à ces femmes de les abandonner. Les hommes condamnés à cet état équivoque, qui dut être très-rare dans les commencements, également méprisés des deux sexes, se trouvèrent exposés à plusieurs mortifications qui les réduisirent à une vie obscure et retirée ; la nécessité leur suggéra différents moyens d’en sortir et de se rendre

  1. « Extrema omnium calamitas et impietas accidit illi qui absque filiis a vitâ discedit, et dæmonibus maximas dat pænas post bitum. »