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HISTOIRE DE ROSE


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J’avais dix ans, quand ma mère m’envoya chez une sœur qu’elle avait en province, où je passai plus de six mois. Elle n’avait qu’une fille, qui avait au moins six ans au-dessus de moi. Jusqu’à ce moment, toujours retirée chez ma mère, dont la dévotion ne permettait à personne d’approcher de nous, mes frères au collège, j’étais toujours seule, ou à l’église avec ma mère ; je ne me connaissais pas encore, mais je m’ennuyais beaucoup. J’aimais bien mieux être aux églises que de rester au logis ; car, quoiqu’elle se mît très souvent dans les coins les plus retirés, j’apercevais au moins, à la dérobée, quelque figure humaine qui attachait mes regards. Il y avait longtemps que ma mère promettait à ma tante, qui me demandait, de m’envoyer chez elle ;

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