Page:Mirabeau - Le Rideau levé ou l'éducation de Laure, 1882.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
LE RIDEAU LEVÉ


en contient une seule, l’effet en sera le même.

De cet exemple, voici les conséquences : qu’un homme sain se joigne à plusieurs femmes, il ne peut en résulter aucun mal ; c’est la même liqueur versée dans plusieurs vases ; mais qu’une femme, fût-elle même très saine, s’unisse à plusieurs hommes coup sur coup, qui ne seraient pas infectés, cette diversité de semence produira, par la fermentation aidée et accélérée par la chaleur du lieu, les effets les plus dangereux.

Qu’une fille, une femme jeune, jolie, libre et indépendante, mais de la lie du peuple, et par conséquent sans éducation, sans soin, sans propreté, sans précaution, se trouve abandonnée à la publicité, soit par son propre besoin, soit par celui de vieilles coquines qui, fondant sur ses appas, leurs avantages, la dirigent et l’entraînent dans cette affreuse conduite, soit par les suites d’un engagement où la séduction des hommes l’auront jetée, soit enfin par tempérament ou libertinage de caractère, reçoive plusieurs hommes en un jour, et presque à la suite l’un de l’autre, il est constant qu’elle ne tardera pas à être infectée : ce sont différentes liqueurs versées dans un même vase ; elle peut même être sujette à des flueurs blanches très âcres, à des reliquats de règles de mauvaise qualité, à des ulcères de matrice. Les semences de ces différents hommes qui sont hétérogènes, soit par la diversité du tempé-